La princesse et le kinder surprise.

Publié le par Pattes


Je ne sais plus ni où ni pourquoi, je lisais il y a peu les différentes méthodes déjà employées et plutôt originales pour demander la main d'une demoiselle. Mention spéciale pour celle qui s'est vue forcée de manger un Kinder Surprise, et qui, en voyant la bague cachée dans le petit oeuf jaune, s'est évanouie.

Ca me fait rêver, ces histoires de demande en mariage. Déjà que je me transforme en gamine de cinq ans dès que je vois des robes de mariée dans une vitrine... Et encore, cinq ans c'est généreux, après réflexion. Parce que dans ces cas-là, je tire immédiatement la victime qui m'accompagne à l'intérieur de la boutique pour pouvoir baver plus à mon aise sur la robe en question.

En fait, depuis que je suis petite je sais exactement où je veux manger après mon mariage, dans le même restaurant que celui du mariage de mon oncle, facile ; quelle robe je veux, la magnifique un peu saumonée, avec du tulle, que j'avais vue pendant l'expo chez Frank et Fils quand j'étais mmh en troisième je crois, ça ne devrait pas être trop dur à retrouver ; où j'irai en voyage de noces : n'importe où avec du soleil, avec une préférence pour Cuba. Tout l'essentiel est fixé, donc.

Avec l'âge (on dirait que j'ai passé l'âge de me marier, à m'écouter), je sais aussi exactement qui je cherche pour m'épouser dans ma belle robe de mariée. Enfin, "qui", non, pas "qui", mais les caractéristiques du "qui" en question, si. Reste plus qu'à le trouver, quoi. Bon, d'un autre côté, j'ai le temps, hein. Parce que bon, des mariages à mon âge, j'en connais pas beaucoup qui tiennent encore. Et moi je veux que ma belle robe elle reste entière sur les photos, pas que le bas en soit déchiré d'un geste rageur par le possesseur de la dite photo.

N'empêche... L'année dernière, on parlait de mariage, avec Aurélie, en allant chez elle. On était bien d'accord sur les points principaux, attendre la fin des études, une vie un peu stable, un an de fiançailles parce qu'on sait jamais, et moi j'enchaîne "tiens, vingt-quatre ans, ça me plairait, comme âge, pour me marier. Et ça me laisse un peu plus de six ans, pour avoir un boulot, moins un an de fiançailles, disons cinq ans, et le temps de le rencontrer et d'avoir envie de l'épouser, ça me laisse quand même plus de quatre ans pour en trouver un, ça va."

Elle m'a regardé, la bouche grande ouverte. Elle l'a refermée, et m'a dit "Ouah. Sauf que moi, j'ai pas ton âge. Vingt-quatre ans, c'est dans trois ans. Ca risque de tout retarder, en fait." Et on s'est rendues compte qu'elle était vieille, déjà. Et pourtant, 21 ans c'est quoi ? Le temps d'être un bébé joufflu, un enfant intenable, une ado boutonneuse (quoique je ne la voie pas du tout boutonneuse, en fait), une hypo motivée, une khâgneuse ratée, une cube, une future fac-queuse. Elle est en master, cette année. Et elle est toujours aussi jeune. Toujours aussi vieille.

J'aime bien rêver devant une robe, mais j'aime pas voir que le temps passe aussi vite. J'ai toujours pensé qu'à trente ans, on franchissait un cap, qu'à partir de là on était foutu, positivement foutu. Bon, j'ai encore le temps, hein. Mais plus tant que ça, en fait. Et les types bien, ça court pas les rues. J'imagine bien la tête de ma mère si elle lisait ça. "Mais t'as encore tout ton temps, de toute façon tu sais bien que tu restes à la maison tant que tu veux, et fais pas d'erreur hein, et fais attention, et..."

Ouais, j'ai le temps. De toute façon, moi je veux un baryton amateur des quatuors de Debussy Ravel Fauré, qui aime Ondine, le orange, et ma famille. Et qui m'offre des roses, aussi. Et des billets pour Cuba, et qui danse la salsa, et qui sente bon, et qui me fasse rêver, et qui sache me consoler, et surtout, surtout, qui ne veuille pas d'enfant.


Paf.
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