La prépa, la vie, le futur et moi.
J'ai vraiment du mal à redescendre sur terre, depuis ces quelques jours. Je dors mal, comme ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Et puis le stress du concours approche.
Enfin c'est un peu paradoxal. Hier, il est revenu dans ma vie. D'un seul coup, comme ça, sans que je sache bien pourquoi il avait choisi ce jour-ci plutôt qu'un autre. On a parlé un peu de ma future vie, il m'a un peu sermonée parce que je n'y crois pas. Plus, plutôt. Enfin. Je ne sais pas si j'ai jamais cru que j'aurais le concours à la fin de mes deux ou trois ans de prépa, mais une chose est sûre, là tout de suite, je n'y crois pas du tout. À quoi bon y croire, de toute façon ? Si je l'ai, très bien, si je ne l'ai pas, tant pis. Autant me dire tout de suite que je ne l'aurai pas, ça m'évitera d'être déçue. Il appelle ça du défaitisme, j'appelle ça du réalisme. D'accord, ça n'a pas une valeur immense, les statistiques de l'an dernier, mais quand même : le dernier admissible avait plus de 10,5 de moyenne. Et c'était le dernier.
Le seul truc qui m'intéresserait vraiment, en fait, ce serait d'être sous-a. Sous-a, c'est chic, et puis ça me donnerait mon équivalence, ça serait pratique. Et puis ça évite de passer les oraux, donc ça fait des vacances en plus. C'est nul d'être aussi bassement matérielle quand on parle d'un des plus grands concours de France, mais je sature, et les vacances, c'est important. Résumé de tout ça, le concours, je m'en fiche un peu. Mais visiblement pas assez, puisque j'ai des barres de stress qui réapparaissent au milieu du ventre. Comme avant l'examen d'anglais en seconde, c'était la première fois que je ressentais ça. Et maintenant c'est un phénomène récurrent. Il fait beau, la famille va bien, je suis plutôt heureuse, enfin je crois. Donc logiquement, le seul responsable de ce stress, c'est le concours.
Alors que je dis depuis trois ans que je ne l'aurai pas et que je m'en fiche. Je ne comprends pas bien ma tête, je ne suis pas sûre de bien me rendre compte de ce que je pense, de ce que je ressens. Peut-être que c'est juste l'angoisse du futur, ce que j'éprouve. Au-delà du concours, ce qu'il y aura après. La fac, l'agreg, l'appart, le mariage, le boulot, tout. Ou rien. Alors j'essaie de dévier cette angoisse en la divisant en plein de petites peurs. Tiens, je vais me faire re-percer les oreilles, par exemple. Mais en réalité, ça ne change pas grand chose. La barre est toujours là, et moi aussi, sur ma chaise, et le futur aussi.
Et c'est la vie.