L'écriture, ça peut marcher à un ?

Publié le par Pattes

    Est-ce qu'on peut écrire simplement pour soi ?

    Je me suis rendue compte, en parlant il y a quelque temps avec une amie, que je n'avais jamais écrit honnêtement. J'ai toujours eu conscience au plus profond de moi que l'écriture était une sorte de charme, de magie plus ou moins maîtrisée ; et toujours conscience d'écrire.
    Peut-être est-ce pour cela que j'ai tant de mal à me relire, qu'il s'agisse d'une copie ou d'un extrait de journal, dans tous les cas cette écriture n'est pas neutre, et en avoir conscience me gêne. Je ne crois pas être jamais passée par une phase de neutralité de ma pensée, je ne sais plus, ou pas, écrire simplement et clairement.
    Je sais qu'on me lira, que ce "on" soit quelqu'un qui m'est proche, un inconnu, ou même un moi plus vieux et donc différent. Et la réalité change sous ma plume. Si j'ouvre les yeux, je sais que même si les faits sont souvent vrais, la façon que j'ai de les raconter modifie leur perception et peut-être par là-même cette "vérité" du réel. 

    Les phrases se font seules dans ma tête, je ne fais que les retranscrire, plus ou moins habilement, mais je ne contrôle pas ce que j'écris, c'est comme une sorte d'automatisme des doigts qui glissent sur le clavier, appuyant sur les touches, seuls, créant un texte qui m'étonne parfois quand je me relis.
    Perte du naturel si cher aux autobiographes, je le vois bien quand j'ai accès à d'autres textes privés, je suis loin de cette aisance d'écriture qui en fait des récits vivants et agréables à lire. Je ne sais pas si c'est perceptible par un lecteur autre que moi, mais quoique les mots semblent couler sous mes doigts quand j'écris, je les sens comme surfaits.
    Ils s'enchaînent presque laborieusement parfois, comme s'ils se travaillaient seuls, dépassant ma volonté propre, et qu'ils restaient de ce fait non achevés, à des lieues d'une simplicité heureuse.

    Et c'est dû, en grande partie, au fait que je sais que je ne suis jamais seule, quand j'écris. Même petite, je corrigeais mes phrases avant de les écrire dans mon journal, alors que personne n'était censé passer derrière moi.
    Et dans ces deux cas de journal et de blog, il se cache toujours un interlocuteur. Le fameux "tu" du journal, qu'il personnifie le journal ou qu'il soit la représentation sur le papier d'un phantasme d'auditeur. Celui qui lit, comprend, mais juge, aussi.

    Je n'ai jamais parlé comme j'écris. Mais j'ai la sensation confuse que mon cerveau existe plus sur le mode de mes textes, que je pense comme j'écris. Peut-être est-ce inquiétant ...

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