Encore un.
Et voilà, ça continue.
Aujourd'hui, René Rémond est mort. C'est idiot, hein, de dire ça à la mort d'un des plus grands historiens du vingtième siècle, comme à celle d'un des plus grands hellénistes du même siècle, mais c'est un peu douloureux de penser que j'aurais pu l'écouter en conférence, que j'ai parfois refusé d'y aller, par manque de temps ou n'importe quelle autre mauvaise raison, et que maintenant c'est fini.
Il a tout vu, tout analysé, tout repris... et maintenant, voilà, c'est fini. Je me demande si ce n'est pas un peu indécent, en fait, d'être là à pleurer sa mort en tant qu'historien, d'un pauvre point de vue d'élève. Il a -il avait- une femme, des enfants, des petits-enfants. Et la France pleurera l'histo- rien. Certes, certes. Mais c'est peut-être un peu limité, un peu mesquin, un peu laid, de ne voir en lui que l'homme publique, le grand homme.
Et pourtant, que connait-on d'autre sur lui? C'est un peu la même chose à chaque décès public, on oublie les autres aspects de l'homme, en partie parce qu'elles relèvent du privé. C'est dommage, et naturel.
Enfin, il avait fait un beau discours (quelle platitude, "beau") pour son entrée à l'Académie, et il avait l'air tellement passionné, convaincu, heureux, en fait, quand il parlait... Je ne suis pas douée pour les éloges funèbres, mais c'était un grand monsieur.
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